Portrait de Sébastien URBANSKI - porteur de l'axe SHS
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Du 01 février 2024 au 29 février 2024false false
Depuis près d’un an, Sébastien Urbanski, enseignant-chercheur actif et discret, est le visage du nouvel axe de recherche en Sciences Humaines et Sociales de Nantes Université. Ce début d’année 2024 marque pour lui et le monde de la recherche, le lancement de cet axe portant sur ce qui "fait société".
Sébastien, vous êtes enseignant au Département des sciences de l’Éducation et chercheur au CREN. Quels sont vos sujets de prédilections ?
Depuis près de 15 ans, je m’intéresse à la laïcité et l’éducation à la citoyenneté, en France et au prisme de comparaisons internationales. Ces sujets concernent à la fois la sociologie, la philosophie, et bien sûr les sciences de l’éducation et de la formation.
Est-ce pour cela que l’on vous a confié la mission de porter l’axe Sciences Humaines et Sociales (SHS) au sein de NU ?
Disons que les sciences de l’éducation et de la formation, au sens du Conseil National des Universités (CNU), sont par définition pluridisciplinaires. J’ai moi-même évolué, de mes études à aujourd’hui, tantôt en philosophie, tantôt en sciences sociales pour aujourd’hui travailler sur les SHS en général. J’imagine que c’est une des raisons pour lesquelles les pôles Humanités et Sociétés ont suggéré mon nom à la présidence pour porter cet axe à Nantes Université.
D’où vient cet axe SHS ? Quel est son but ?
En 2021, Nantes Université a confié à la Maison des Sciences de l’Homme Ange-Guépin (MSH) le pilotage de la mission dite « SHS » pour faire émerger un nouvel axe de recherche dans le champ des Sciences humaines et sociales, aux côtés de Santé du futur et Industrie du futur.
Les 16 unités de recherche des pôles Humanités et Sociétés ont ainsi participé à une réflexion collective synthétisée dans le rapport de préfiguration "Faire société : identité(s) en questions". Ce rapport montre les très nombreux points de convergences autour d’une notion, celle d’identité, dans toutes ses déclinaisons possibles. Ensuite, il a fallu en tirer un programme scientifique proprement dit, autour d’une problématique, et le rendre opérationnel au moyen d’une méthode de travail ainsi que de dispositifs concrets.
Vous parlez d’opérationnel, concrètement, comment cela va-t-il s’organiser ?
D’abord, nous entamons dès ce mois-ci un séminaire général par année civile, pour lequel on a constitué un comité d’organisation interdisciplinaire, au travail depuis octobre. Chaque année, ponctuée de séances mensuelles, portera sur une dimension de la vie sociale et aura vocation à retrouver une langue commune aux SHS autour des catégories fondamentales de la vie en commun. L’année 2024 porte sur la dimension juridique, 2025 sur l’économique, etc.
Ce séminaire général va se dérouler en trois temps, pensés comme un aiguillage. Je vous en dis un mot en illustrant avec le droit. Dans un premier temps, de problématisation, les participants vont discuter du sens du droit depuis leurs disciplines, leurs objets, etc., dans un effort collectif pour le penser autrement que comme synonyme de la loi, c’est-à-dire au-delà des mythologies juridiques modernes.
Sur la base de ce problème partagé, qui ne peut pas être résolu par une seule discipline, nous allons consacrer un deuxième temps à quelques grandes figures de la tradition européenne des sciences humaines et sociales, qui ont essayé d’élucider le sens du droit à une époque où les frontières disciplinaires, justement, n’étaient pas aussi fortes.
Enfin, forts de ce détour par le passé, nous rejoindrons l’actualité de nos disciplines, mais aussi de nos sociétés, en nous penchant sur des œuvres contemporaines ayant relancé la réflexion à propos de la dimension juridique de la vie sociale. Non pas pour le plaisir de se poser des problèmes – enfin, pas seulement [rires] –, mais parce que cette question se pose pour tout un tas de groupes sociaux qui, très concrètement, se demandent : quel genre de droit exprime le mieux l’identité de notre société ? C’est très net s’agissant des revendications en faveur de nouveaux droits sociaux autour des biens communs, que ce soit des terres agricoles ou des espaces urbains, par exemple.
Merci Sébastien. Est-ce que l’axe se résume finalement à ce séminaire général ?
Non, loin de là ! Le séminaire général est un préalable nécessaire dans la réalisation du geste intellectuel d’ensemble. Mais de là, il faut spécifier les résultats sur le plan des disciplines, et on espère encourager des projets (journées d’étude, colloques, workshop, publications, etc.) qui, depuis les six thématiques polaires identifiées lors de la préfiguration de l’axe – citoyenneté, habiter, identités, transitions, transmissions et travail – vont porter ce souci d’intégration des sciences humaines et sociales, au moyen en particulier de la comparaison entre sociétés traditionnelles et sociétés modernes. Le label I-site, les Pôles, et les laboratoires aussi, bien sûr, nous permettrons d’accompagner matériellement ces initiatives.
Et enfin, à la jonction de ces deux dispositifs, on investit ce qu’on a appelé le territoire des communs. C’est l’ensemble des lieux sensibles de la communauté nantaise où des groupes (professionnels, militants, associatifs, artistiques, etc.) constituent l’identité même de la société comme un enjeu essentiel dans la production d’institutions d’avenir, capables d’exprimer la solidarité qui nous tient tous ensemble.
Porter cet axe avec autant d’ambition, n’est-ce pas un peu trop pour une seule personne ?
Heureusement, je ne suis pas seul et je ne pars pas de zéro ! Il y a d’abord toute la consultation consignée dans le rapport de mission de la MSH que j’évoquais au début. Cela a été une base de travail très importante. Et pour cela, je me suis assez vite entouré d’un comité réunissant principalement des collègues des laboratoires des pôles Humanités et Sociétés.
Ensuite, je peux compter sur l’appui de Johan Giry, un sociologue des sciences humaines et sociales, spécialiste des politiques scientifiques, qui a été recruté en qualité d’ingénieur de recherche pour m’accompagner dans la structuration et les activités de l’axe. Et j’ai évoqué aussi le comité d’organisation du séminaire général, qui fait un travail extraordinaire depuis octobre dernier et qui nous a permis de nous ouvrir à l’extérieur, puisqu’on y trouve un philosophe politique, Francesco Callegaro, en poste à l'Université nationale de San Martín, en Argentine, ainsi qu’un politiste, Gildas Renou, maître de conférences à l’Université de Lorraine pour sa part.
Cet axe est donc sur les rails ! Comment se tenir informé des actualités de l’axe SHS ? Quels sont les prochains RDV ?
Nous venons justement de mettre en ligne les premières pages dédiées à l’axe SHS ! Vous les retrouverez sur les sites des pôles Humanités et Sociétés.
Et ça démarre vite car le premier séminaire général se tiendra le vendredi 23 février, à 13h, salle T214. C’est l’évènement qui lancera véritablement les activités et il sera poursuivi de façon régulière, un vendredi après-midi par mois. J’invite évidemment tous les acteurs de la recherche universitaire des pôles Humanités et Sociétés à nous y rejoindre, ils sont toutes et tous les bienvenus.
Merci Sébastien, le message est passé ! A bientôt !
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