Portrait de... Vincent GRANATA, Responsable de la spécialité "Humanités et musique"

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Portrait Vincent GRANATA
Bonjour Vincent, merci de prendre le temps de discuter avec nous aujourd'hui. Vous êtes responsable de la spécialité "Humanités et musique" depuis la rentrée. Pour commencer cet entretien, pouvez-vous nous parler de votre parcours académique et professionnel ?

Bonjour ! Bien sûr. Je suis Maître de conférences en Musique et musicologie à l’UFR Lettres et Langages, et rattaché au Centre Atlantique de Philosophie (CAPHI). Je suis titulaire de 2 Masters. Le premier en philosophie à l'École normale supérieure et le deuxième en musique et sciences humaines à l’EHESS. Étant moi-même musicien, avec une formation en piano classique et jazz, cela m'a permis de lier mes deux passions.
J’ai poursuivi la recherche avec une thèse interdisciplinaire sur l’expressivité du blues sous la direction de Roger POUIVET et Alessandro ARBO, à l’Université de Lorraine. Il s’agissait de comprendre la relation entre la musique et les émotions, en appliquant une problématique philosophique à un cas musicologique spécifique.
 

Et vous êtes devenu enseignant-chercheur ?

Oui, mais pas seulement ! J’ai également été responsable d’une école de musique qui regroupait 250 élèves pendant deux ans. Ma mission était de coordonner une équipe pédagogique, d’organiser des événements tels que des auditions d’élèves, des jam sessions, des concerts, et un tremplin pour les musiques émergentes… J’ai assumé ce poste en parallèle des cours que je donnais en philosophie et en musicologie à l’Université de Lorraine, ainsi que de mes activités de recherche. Ces deux années ont donc été très intenses, d’autant plus que diriger une école de musique implique de monter des projets avec les enseignants et les élèves, chercher des partenariats, créer des liens avec des associations, et gérer un volet communication et événementiel très prenant et chronophage.
 

La spécialité Humanités et musique, c’est quoi ?

D’abord, c’est une spécialité unique en France ! Pourquoi ? Parce qu’elle s’adresse à tous nos étudiants de l’UFR, sans prérequis musical, grâce aux cours de mise à niveau. Les enseignements de cette spécialité sont conçus comme un parcours d’UEC, combinant musique renforcée et culture musicale. Ils exigent de la curiosité et de l’assiduité, mais le diplôme atteste d’un bon niveau en culture musicale !
Créée il y a plus de 30 ans en tant que parcours au sein de la mention philosophie, elle est, depuis 2023, ouverte à tous les étudiants de Lettres et Langages, et même du Pôle Humanités.
 

À quels métiers se destinent les étudiants de la spécialité Humanités et musique ?

et une spécialisation en musique, nos diplômés ont un profil singulier et très intéressant, qui allie compétences rédactionnelles et musicales. Ils sont légitimes pour travailler dans les domaines de l’action culturelle, dans la programmation, la production, l’administration de la musique, ou encore dans les métiers des médias de la musique.
Pour les bons étudiants, l’obtention d’une licence avec la spécialité Humanités et musique leur permet de prétendre à une équivalence en L2 de musicologie, par exemple à Rennes. Ainsi, en quatre ans, ils peuvent obtenir deux diplômes.
 

Pouvez-vous nous décrire les enseignements de cette spécialité ?

Comme je le disais, la spécialité se compose de cours de musique renforcée et de cours de culture musicale. À titre personnel, j’interviens en culture musicale dans les trois années. Je fais travailler les étudiants en atelier d’ethnomusicologie, par exemple. Ils doivent étudier la scène musicale nantaise, conduire des entretiens avec différents acteurs du milieu et rendre un dossier. Cela leur permet de mieux appréhender le fonctionnement concret des lieux. J’organise également des temps de rencontre avec des professionnels pour leur faire connaître l’éventail possible des métiers liés à la musique.
Mon collègue Patrick LANG, qui intervient également en culture musicale et dirige Le Chœur des Humanités, a réalisé l’année dernière un projet avec des artistes en résidence à La Bouche d’Air. Il s’agissait de faire collaborer le chœur avec un groupe de musiques actuelles lors d’une résidence de travail, en vue d’un concert de restitution. Cette coopération offre de la visibilité réciproque, tant pour la spécialité musique que pour la salle, car les étudiants constituent une cible difficile à atteindre.
 

Et pour les enseignements de musique renforcée ?

En première année, il s'agit de mise à niveau sur les fondamentaux avec des professeurs du Conservatoire : lecture de notes, lecture rythmique et un peu de pratique avec du chant ou de l’initiation à l’harmonisation au clavier. Puis, la montée en compétences se poursuit jusqu’au semestre 6, toujours avec un volet théorique et un volet pratique, comme l’atelier d’improvisation musicale mené par Will Guthrie, un percussionniste professionnel basé à Nantes. Avec son Gamelan*, il guide les étudiants dans la construction collective de musique basée sur des rythmes.
Ces ateliers sont d’ailleurs accessibles aux non-initiés via le catalogue des UEC, car ils ne nécessitent pas de prérequis en musique. À la fin du semestre 6, les étudiants bénéficient de compétences musicales concrètes, d’une formation musicale solide, et pratiquent le chant.
 

Quels sont vos objectifs en tant que responsable du parcours Humanités et musique ?

J'aimerais développer davantage de rencontres avec des acteurs du monde professionnel, en mettant l'accent sur des échanges pratiques. Cela enrichit leur expérience et prépare leur insertion dans le monde de l’emploi. Nos étudiants peuvent déjà bénéficier d’accréditation presse pour Les Folles Journées grâce à un partenariat historique. Au-delà de la chance de pouvoir assister aux concerts durant toute la durée du festival, nos étudiants produisent des contenus, notamment pour Ouest-France, et ont pu intervenir sur la matinale de France Musique.
J’aimerais développer ce type de partenariat avec l’Opéra Nantes-Angers, le Pannonica, ou encore le Conservatoire.

Pour conclure, souhaitez-vous passer un appel ?

Oui, ou plutôt une invitation ! Je vais participer, avec mon collègue Patrick Lang, à une dispute philosophique organisée par les doctorants du CAPHI, le Centre Atlantique de Philosophie. Le sujet de cette dispute est brûlant : « La musique enregistrée est-elle encore de la musique ? » Ce sera le 20 mars à 17h30 dans la salle de conférence de Censive.
C’est pour moi l’occasion de partager mon regard et mes travaux de recherche sur les nouvelles technologies de production et de diffusion de la musique. Tous nos collègues sont les bienvenus !
Mis à jour le 12 mars 2025.