Lieux sensibles
Petit festival des sciences humaines et sociales
Prévu chaque année à la fin du mois de novembre, le Festival Lieux sensibles vise à croiser les réflexions développées tout au long du séminaire avec les préoccupations des acteurs et des habitants de la communauté nantaise. En instituant un espace liminaire de rencontre, situé entre l’Université et la société politique, il se propose de favoriser l’échange de concepts et d’expériences, dans le but de discuter collectivement des enjeux politiques et intellectuels liés aux luttes et initiatives en cours dans les lieux sensibles de la ville.Temps du don et contre-don entre l’Université et les groupes actifs de la société politique, le Festival Lieux sensibles doit permettre ainsi de matérialiser une autre manière d’envisager les sciences humaines et sociales, plus attentive aux problèmes pratiques des citoyens et aux aspirations émergentes des nouvelles générations, tout autant qu’une façon inédite de concevoir la politique, plus attentive aux questions théoriques que les mouvements sociaux actuels ne cessent de rencontrer à l’horizon de leurs actions.
Par ce double déplacement, il s’agit donc de faire valoir les perspectives et les apports des recherches historiques et théoriques travaillées pendant l’année de séminaire, mais aussi de relancer les problèmes posés et les questions rencontrées par les associations résolument en prise sur la communauté politique, suivant en cela une tradition festive commune à Nantes et à l’histoire de ces disciplines.
Édition 2024 : à Paris les 18 & 19 novembre, à Nantes les 22 & 23 novembre
La première édition du Festival venant clore une année de travail collectif consacré à la catégorie du droit, c’est principalement autour des questions juridiques soulevées par les biens communs, largement entendus, qu’elle sera organisée.Qu’il s’agisse de jardins partagés, d’habitats participatifs, de tiers-lieux, de fablabs ou encore d’énergies partagées, ces initiatives éprouvent les représentations usuelles du droit (de la propriété en premier lieu), débordent les cadres juridiques consacrés, publics aussi bien que privés. Ce faisant, elles stimulent la réflexivité collective en vue d’une révision des institutions de la légalité non seulement à même de faire une juste place aux pratiques en question, mais de permettre la pleine expression des idéaux qui les traversent.
Pour accompagner les activités qui auront lieu lors du Festival, nous aurons le privilège de compter sur la présence d’Álvaro García Linera, sociologue et homme politique bolivien, par trois fois vice-président de la République et auteur de nombreux travaux sur les nouveaux mouvements sociaux, les luttes pour les communs, les transformations de l’État et les rapports des sciences sociales à la société politique. Ce sera une occasion d’échanger avec une figure politico-intellectuelle de premier plan, qui incarne très concrètement la posture théorico-pratique cultivée dans le cadre de Solidarité du futur, tout en nourrissant les échanges sur la juridicité des biens communs environnants par des éclairages enrichis de la comparaison avec l’Amérique latine, elle aussi centrale dans la constitution de l’axe.
Lundi 18 novembre, 14h-18h | Le sens du commun | Demi-journée de philosophie des sciences sociales
Le sens du commun
Demi-journée de philosophie des sciences sociales
Dans son dernier ouvrage, Le sens du commun, Álvaro García Linera s’efforce de faire face à la crise en cours du néolibéralisme en élevant la réflexion politique à la hauteur d’une discussion sur les fondements de l’ordre social et les ressorts de sa transformation. À partir d’une théorie du sens commun, envisagé comme un principe constitutif de la réalité sociale, il revient sur les visées et les limites des nouveaux mouvements sociaux, axés sur les luttes pour les communs, avant de repenser la nature et la fonction de l’État en tant que gardien ambivalent des biens partagés dans une nation. En dégageant les rapports de la réflexion actuelle de Linera avec les coordonnées théoriques du LIER-FYT, cette rencontre se propose de développer une analyse comparative des projets d’émancipation, dans une perspective centrée sur les relations entre Europe et Amérique Latine."L’État est l’espace social où tend à se concentrer la majorité des biens communs et des ressources communes d’une société, avec un effet contraignant sur l’ensemble d’un territoire. Là réside son irrésistibilité sociale : malgré les dissidences, les colères, les luttes, les critiques contre l’État, tous finissent par revenir à lui. Mais l’État dispose en même temps du monopole de ces communs, c’est-à-dire de l’administration centralisée des liens communs d’une société. Par le jeu de la concentration des décisions, il donne aussi naissance à un corps bureaucratique de spécialistes et de décideurs de plus en plus éloignés des créateurs des communs"
Extrait de : Álvaro García Linera, La comunidad ilusoria, éd. Sudamericana, 2023, édition et traduction françaises, Le sens du commun, à paraître.
Organisateurs : Axe Solidarité du futur (N.U.), LIER-FYT (EHESS).
Lundi 18 novembre, 14h-18h
EHESS - LIER - FYT - Recherche, 10 rue Monsieur-le-Prince, 75006 Paris (suivi à distance possible).
Présentation, programme, inscriptions : https://lier-fyt.ehess.fr/evenement/demi-journee-de-philosophie-des-sciences-sociales
Lien de connexion pour suivre à distance : https://univ-nantes-fr.zoom.us/j/83527304572
Mardi 19 novembre, 14h30-17h | Repenser la nation depuis l’Amérique latine : peuples, classes et mouvements sociaux | Conférence de Alvaro Garcia Linera
Repenser la nation depuis l’Amérique latine :
peuples, classes et mouvements sociaux
peuples, classes et mouvements sociaux
Conférence de Alvaro Garcia Linera
À partir de son dernier ouvrage, La Comunidad ilusoria, clarifiant l’idée de sens commun en tant que pilier de la cohésion et terrain de confrontation des mouvements qui aspirent à faire société en visant l’élaboration d’une nouvelle hégémonie au sommet de l’État, Linera reviendra dans cette conférence sur son élaboration de l’idée de nation. Forgée à la lumière de l’expérience singulière de la Bolivie, sa vision sociologique s’écarte à la fois de l’image convenue d’une société homogène comme des présupposés du multiculturalisme. Partant de son expérience théorique et pratique de l’État plurinational, il analysera notamment les conflits et les dynamiques engendrés par les identités qui composent la société bolivienne, en mettant l’accent sur les tensions qui mettent en mouvement la forme-État et permettent de comprendre la situation socio-politique actuelle."Le vaste espace d’intersection entre le sens commun des classes dominantes et le sens commun des classes dominées est le lieu de la société où le rapport de domination est nettement institué comme architecture conceptuelle des modes supérieurs et inférieurs de représentation, de verbalisation et de déploiement de l’appareil des gestes sociaux. Ce sens commun dominant, c’est le sens commun du monde détenu par tous les membres de la société et, par conséquent, ce qui la fait tenir durablement en cohésion, par la force de l’imagination, des récits et des gestes corporels. La plurinationalité implique nécessairement une autre identité nationale-culturelle dominante, l’identité indigène, autour de laquelle langues, couleurs de peau et habitudes des autres identités seront valorisées et métissées. C’est en ce sens que toute nation est toujours à la fois une hégémonie politique, un imaginaire partagé et une hiérarchie sociale de longue durée historique."
Extrait de : Álvaro García Linera, La comunidad ilusoria, éd. Sudamericana, 2023, édition et traduction françaises, Le sens du commun, à paraître.
Organisateurs : Axe Solidarité du futur (N.U.), Mondes américains (UMR 8168) et Institut des Hautes études de l’Amérique Latine (IHEAL, Université Sorbonne Nouvelle)
Mardi 19 novembre, 14h30-17h
à l'Institut des Hautes Études de l’Amérique Latine (IHEAL), Campus Condorcet (Aubervilliers), bâtiment recherche Sud. Activité ouverte et en modalité hybride.
Lien de connexion pour suivre à distance : https://univ-nantes-fr.zoom.us/j/83527304572
Vendredi 22 novembre, 9h30-16h30 | Vers le droit des communs | Journée d’échange avec Álvaro García Linera
Vers le droit des communs.
L’Europe au miroir de l’Amérique latine
L’Europe au miroir de l’Amérique latine
Journée d’échange avec Álvaro García Linera
Dans le cadre de la clôture de l’édition 2024 du séminaire général de l’axe Solidarité du futur consacrée à la dimension juridique de la vie sociale, cette journée d’échanges autour de l’œuvre et avec la participation du sociologue et homme politique Álvaro García Linera, ancien vice-président de l'État plurinational de Bolivie (2006-2019), entend soulever la question de l’actualité du droit social telle qu’elle se trouve d’ores et déjà posée dans les mouvements de société œuvrant autour et pour les biens communs. Répandus à la fois en Europe et Amérique Latine, prenant appui sur des ressorts tout aussi traditionnels que modernes, les mouvements des communs ne laissent d’éprouver les cadres juridiques, publics et privés, relatifs à la propriété, et par là, d’interroger le sens et la fonction de l’État, eu égard à la constitution matérielle de la société politique.
"L’implication passive des choses devient un commun lorsque les personnes concernées les intègrent délibérément dans leurs actions, dans leur travail, en prenant conscience de leur présence et en luttant collectivement pour participer d’une manière ou d’une autre à leur gestion. L’eau, le pétrole, la forêt, l'air ne sont pas communs en eux-mêmes : ils le deviennent lorsque la majorité des membres d’une communauté (communs locaux) ou d’une société entière (communs généraux) prennent part à la régulation de leur usage en dehors de l’appropriation privée. Lorsque la société mobilisée prend en compte les futurs membres, il s’agit d’un commun universel."
Extrait de : Álvaro García Linera, La comunidad ilusoria, éd. Sudamericana, 2023, édition et traduction françaises, Le sens du commun, à paraître.
Coordinateurs : Francesco Callegaro, Johan Giry, Adriano Peirone, Sébastien Urbanski
Avec l’aimable participation de Stefania Ferrando (philosophe, Université Côte d’Azur, CRHI), de Garance Navarro-Ugé (juriste, IRJS, Université Paris 1, CESPRA, EHESS) et d’Aziliz Gouez (Vice Présidente Nantes métropole, Conseillère régionale de Bretagne, chercheuse associée à l'Institut Jacques Delors).
Vendredi 22 novembre de 09h30 à 16h30
à l'Institut d'études avancées de Nantes (IEA) de Nantes
Présentation, programme, inscription :
https://www.iea-nantes.fr/fr/agenda/vers-droit-des-communs-europe-au-miroir-amerique-latine-journee-echange-avec-alvaro-garcia
Samedi 23 novembre, 17h-19h | La fin de l’utopie néolibérale et la recherche d’une nouvelle hégémonie | Conférence-débat autour d’Álvaro García Linera
La fin de l’utopie néolibérale et la recherche d’une nouvelle hégémonie
Conférence-débat autour d'Álvaro García Linera
En clôture du Festival, Álvaro García Linera donnera une conférence publique sur les conditions d’émergence d’un projet politique et culturel capable de répondre aux défis posés par la crise désormais palpable du modèle néo-liberal d’accumulation et de légitimation. L’élaboration d’une alternative crédible et durable suppose, selon Linera, un travail intellectuel et social préalable, susceptible d’engendrer à terme un nouveau sens commun, ancré dans les exigences démocratiques de mise en commun des biens portées aujourd’hui par les nouveaux mouvements sociaux. Connue pour sa tradition festive, Nantes foisonne d’initiatives menées autour de ces exigences. L’axe Solidarité du futur invite tous les acteurs engagés dans les lieux sensibles de la ville - où sont en jeu la création, la défense et la promotion des biens communs - à participer à cet événement avec l’un des intellectuels les plus importants d'Amérique Latine.“Le public pensé comme le domaine des
communs étatiquesenglobe, selon les cycles historiques d’expansion ou d’expropriation des biens sociaux, une grande quantité de droits, de ressources et de richesses sociales. Parce qu’elles ont un statut public, ces richesses participent de la croyance voulant qu’elles sont des biens communs dont le bénéfice et l’usufruit profitent à tous les membres de la société. En général, c’est effectivement le cas, bien que cela dépende de la composition sociale de la bureaucratie qui assure la gestion du public, ainsi que de la mobilisation ou de la passivité sociale autour de l’usage de ces biens.”
Extrait de : Álvaro García Linera, La comunidad ilusoria, éd. Sudamericana, 2023, édition et traduction françaises, Le sens du commun, à paraître.
Organisateurs : Axe Solidarité du futur (N.U.), Facultad Libre (Rosario),
Coordinateurs : Francesco Callegaro, Johan Giry, Adriano Peirone, Sébastien Urbanski
Avec l’aimable participation de Stefania Ferrando (philosophe, Université Côte d’Azur, CRHI), de Garance Navarro-Ugé (juriste, IRJS, Université Paris 1, CESPRA, EHESS) et d’Aziliz Gouez (Vice Présidente Nantes métropole, Conseillère régionale de Bretagne, chercheuse associée à l'Institut Jacques Delors).
Samedi 23 novembre, 17h-19h
À l’Université Permanente, Bâtiment Ateliers et Chantiers de Nantes, 2 bis Bd Léon Bureau, 44200 Nantes.
Prochains RDV du festival
9h30-16h à l'IEA
Vers le droit des communsJournée d’échange avec Álvaro GARCÍA LINERA
17h-19h à l'Université permanente
La fin de l’utopie néolibérale et la recherche d’une nouvelle hégémonie
Conférence-débat autour d'Álvaro GARCÍA LINERA
Mis à jour le 15 novembre 2024.