Séminaire général de l'axe Solidarité du futur

Les catégories de la vie en commun.
Pour la solidarité des sciences humaines et sociales.

Le séminaire général est l’un des deux dispositifs de l’axe Solidarité du futur de Nantes Université. C’est un lieu dans lequel les participants, de nationalités, disciplines et spécialités diverses, étudient et enquêtent autour d’interrogations théoriques partagées, de sorte à se situer au niveau qu’exige la visée commune tenant à faire émerger une grammaire intégrative des sciences humaines et sociales.

Sa programmation pluriannuelle est organisée autour de six dimensions de la vie sociale – juridique, économique, scientifique, religieux, technique, esthétique –, non seulement présentes au sein des sociétés traditionnelles comme des sociétés modernes, mais décelables en filigrane dans tous les faits sociaux afférents et susceptibles d’être constitués en objets d’enquête dans les sciences humaines et sociales. Une édition annuelle est consacrée à chacune. 

De cette manière, le séminaire général soutient la problématique générale de l’axe, en clarifiant les termes constitutifs de toute société, à l’aune desquels s’appréhende tant son existence que sa permanence dans le temps, c’est-à-dire l’identité diachronique que lui confère la solidarité de ses parties (individus et groupes) entre elles et vis-à-vis du tout. 

ÉDITION 2024 : AUTOUR DE LA CATEGORIE DU DROIT

La première édition de ce séminaire pluriannuel dédié aux catégories fondamentales de la vie en commun porte sur la dimension juridique des sociétés, dont on a lieu de se demander comment la penser d’un point de vue social, par-delà l’état actuel de la division du travail scientifique et le sens commun libéral moderne. Les mythologies juridiques que ce dernier charrie, qui séparent le droit de la société à mesure qu’elles le réduisent à un instrument du pouvoir politique de l’État, lui déniant ainsi tant son historicité que la pluralité de ses sources, sont autant de frontières à franchir pour en recouvrer le sens social, au moyen en particulier de la comparaison entre sociétés holistes et individualistes.

Ce séminaire annuel thématique s'organise autour de séances régulières, un vendredi après-midi par mois, de 14h à 17h - campus Tertre (salle précisée une semaine à l'avance et suivi à distance possible).

Temps de problématisation

Séance 1 - Le sens social du droit par-delà le sens commun libéral - Vendredi 23 février

L’enjeu de cette première séance de l’édition 2024 tient à introduire les participants au cadre général proposé en vue de reposer le problème du sens du droit sitôt que l’on se distancie du sens commun libéral et des mythologies juridiques modernes qu’il charrie. Ces dernières séparent en effet le droit de la société, à mesure qu’elles le réduisent à la loi et à un instrument du pouvoir symbolique de l’État. Elles dénient ainsi tant l'historicité du droit que la pluralité de ses sources, soit autant de frontières à franchir pour en recouvrer le sens social.

Plan de la séance

  1. La solidarité comme aspiration indissociablement politique et académique (Sébastien Urbanski)
  2. Solidarité historico-catégorielle des SHS et défis de l’intégration  (Johan Giry)
  3. Échanges suivant les présentations de S. Urbanski et J. Giry
  4. Le droit en deçà et au-delà de la loi : Paolo Grossi et la problématisation de notre imaginaire juridique (Francesco Callegaro)
  5. Repenser le droit (et la société) au-delà de la doxa moderne. L’apport de Paolo Grossi (1933-2022) (Gildas Renou)
  6. Échanges suivant les présentations de F. Callegaro et G. Renou


Textes d’appui

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Séance 2 - Le droit saisit la loi en-deçà et par-delà l'État - Vendredi 29 mars

Cette deuxième séance vise à prolonger l’effort collectif de problématisation du droit entamé la fois passée, sur la base des leçons de Paolo Grossi, par la mise en discussion d’une hypothèse de travail cardinale, appelée à orienter les échanges le restant de l’année. Cette hypothèse considère que les débordements de l’ordre juridique moderne par le droit social survenus avec l’entrée en crise du libéralisme, dès la fin du XIXe siècle, trouvent un pendant dans notre présent critique. Marqué quant à lui par les limites cuisantes de l’idéologie néolibérale, ce dernier donne à voir et à penser de nouveaux débordements du droit officiel, tantôt en-deçà de l’État tantôt par-delà, signalant ainsi une résurgence du droit social dont la nature, le sens et la portée suscitent autant d’inquiétudes qu’un besoin de réflexivité à même le corps social.

Avec les aimables contributions de Chloé Gaboriaux (MCF HDR, politiste, Science Po Lyon, laboratoire Triangle), d’Amélie Nicolas (MCF, sociologue, ENSA Nantes, laboratoire AAU) et de Gaëtan Cliquennois (DR CNRS HDR, sociologue, Nantes Université, laboratoire DCS). 
 

Plan de la séance

  1. Propos introductif sur la politique de l’axe Solidarité du futur (S. Urbanski)
  2. Synthèse et relance de la problématisation quant au sens du droit (J. Giry et F. Callegaro)
  3. Intervention sur la reconnaissance de la contribution des groupements privés à l’intérêt général à la fin du XIXe siècle en France (C. Gaboriaux)
  4. Échanges autour de ce débordement historique de l’ordre juridique par le droit social
  5. Intervention sur la réactivation de l’imaginaire du socialisme municipal dans le devenir des colonies de vacances (A. Nicolas)
  6. Échanges autour des débordements infra-étatiques de l’ordre juridique moderne
  7. Intervention sur l’influence du secteur privé dans l’adoption du constitutionnalisme global en Europe (G. Cliquennois)
  8. Échanges autour des débordements supra-étatiques de l’ordre juridique moderne
  9.  Annonce du temps d’historicisation et explicitation de ses enjeux (G. Renou)

Textes d’appui

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Temps d’historicisation

Séance 3 - Le droit social selon Georges Gurvitch - Vendredi 26 avril

Cette troisième séance inaugure le temps d’historicisation du séminaire. Celui-ci doit nous permettre d’approfondir l’hypothèse de travail élaborée lors des séances précédentes et d’affiner le diagnostic afférent à notre situation collective actuelle. Et ce, par un retour à la tradition des sciences sociales en Europe et aux tentatives passées d’élucidation du sens du droit qu’elle enferme. Parmi elles figure l'œuvre du sociologue français Georges Gurvitch visant à saisir les débordements de l’ordre juridique moderne, rendu à sa double constitution bourgeoise et libérale, par un droit social inhérent aux sociétés politiques elles-mêmes, qu’expriment dans leurs groupes en se mobilisant aux niveaux infra- et supra-étatiques.


Avec l’aimable contribution de Garance Navarro-Ugé, docteure en droit public, rattachée à l'IRJS (Université Paris 1) et au CESPRA (EHESS).



Plan de la séance

 
  1. Propos introductif sur la politique de l’axe Solidarité du futur (S. Urbanski)
  2. Synthèse de la problématisation sur le sens du droit et perspectives historiques d’élucidation (J. Giry et F. Callegaro)
  3. Intervention sur la distinction entre droit social et droit individuel, comme alternative à la dichotomie du droit public et du droit privé (G. Navarro-Ugé)
  4. Échanges autour de la portée de cette distinction dans la résonance des deux crises du libéralisme et du néolibéralisme

Textes d’appui

 

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Séance 4 - La constitution matérielle de Costantino Mortati - Vendredi 07 juin

Avec l’aimable participation d’Eleonora Bottini (ICREJ, Université de Caen)


Plan de la séance

 
  1. De Gurvitch à Mortati : les acquis du droit social au-devant de leur reconnaissance dans les constitutions (J. Giry et F. Callegaro)
  2. Intervention sur l’histoire conceptuelle de la “constitution au sens matériel” de C. Mortati et son intérêt pour recouvrer une vision sociale du droit
  3. Échanges autour de l’actualité du concept de “constitution matérielle” dans la pensée juridique contemporaine

Textes d’appui

 


Lien de connexion pour un suivi à distance de la séance : https://univ-nantes-fr.zoom.us/j/83527304572

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Séance 5 - L’idée d’État de droit chez Otto von Gierke - Vendredi 28 juin

Avec l’aimable participation de Céline Jouin, maître de conférences HDR en philosophie politique et en philosophie du droit à l’Université de Caen-Normandie et membre de l’équipe d’accueil Identité et Subjectivité.

Plan de la séance

  1. Aux origines du problème du sens du droit : l’alternative de la souveraineté (Hobbes) et du gouvernement (Althusius), comme refoulé des sciences sociales contemporaines (F. Callegaro et J. Giry)
  2. Discussion croisée autour de l’héritage d’Althusius par Otto von Gierke au regard de l’alternative précédemment dégagée des deux perspectives du droit social
  3. Echanges avec les participants sur la base des trois textes d’appui communiqués en amont.
  4. Conclusion du temps d’historicisation et annonce du temps de théorisation (septembre-octobre)

Textes d’appui

 
  • Otto von Gierke, « Chapitre 6. L’idée d'État de droit.», in Althusius et le développement des théories politiques du droit naturel, édition et traduction de l’allemand par Céline Jouin, Paris, Classiques Garnier, 2021, p. 255-290.
  • Céline Jouin, « Le moment Gierke », dans Otto von Gierke, Althusius et le développement des théories politiques du droit naturel, édition et traduction de l’allemand par Céline Jouin, Paris, Classiques Garnier, 2021, p. 9-88.
  • Giuseppe Duso, « Come pensare un’Europa federale. La lezione di Althusius », Costituzionalismo.it, Fasicolo 1, 2024, Editoriale Scientifica, texte traduit par Francesco Callegaro et Johan Giry.
Lien de connexion pour un suivi à distance de la séance : https://univ-nantes-fr.zoom.us/j/83527304572

Temps de théorisation

Séance 6 - Les régulations de l’ordre juridique contemporain - Vendredi 20 septembre

Cette sixième séance inaugure le troisième et dernier temps, dit de théorisation, de cette édition 2024 du séminaire général consacrée à la catégorie du droit. Forts de la redécouverte d’importants jalons de la tradition européenne des sciences sociales relatifs à la saisie des phénomènes juridiques comme autant de faits sociaux, permise par le temps précédent, on a lieu à présent de discuter d’œuvres contemporaines ayant fait retour sur le problème catégoriel qui nous occupe à partir des enjeux de notre présent critique. Parmi celles-là, la sociologie politique du droit de Jacques Commaille mérite d’être considérée avec attention, tant il s’est efforcé à penser tout à la fois contre le « monisme juridique d’État » et le réductionnisme du « paradigme de la domination », et ce, jusqu’à élaborer un « modèle de la légalité duale » réputé à même de rendre compte des évolutions croisées ainsi que des interactions entre régulations juridiques et régulations socio-politiques. Il s’agira alors pour nous de comprendre tout à la fois l’inscription de ce modèle dans la tradition dont il a été précédemment question et la manière dont il appréhende les débordements contemporains de la loi par le droit social.

Avec l’aimable participation de Jacques Commaille, professeur émérite des universités École normale supérieure de Paris-Saclay, membre de l’Institut des sciences sociales du politique (ENS Paris-Saclay/université Paris Nanterre/CNRS UMR 7220).
 

Plan de la séance :

  1. Trois conceptions du droit social pour situer la sociologie juridique contemporaine dans l’histoire (Johan Giry et Francesco Callegaro)
  2. Intervention de Jacques Commaille sur la double actualité du droit saisi d’un point de vue social, dans son œuvre et notre présent critique.
  3. Échanges avec les participants sur la base de la présentation et des deux textes d’appui.

Textes d’appui

Lien de connexion pour un suivi à distance de la séance : https://univ-nantes-fr.zoom.us/j/83527304572

Séance 7 - L’État social : l’œuvre de justice comme force historique - Vendredi 8 novembre

Cette septième séance prolonge et conclut le temps de théorisation de cette édition 2024 du séminaire général consacrée au droit. L’enjeu tient ici à échanger avec Alain Supiot, juriste, professeur émérite du Collège de France, sur l’altération de la conception de l’État qu'implique une vision sociale du droit, telle que développée dans son œuvre. Celle-ci ne vise pas à entretenir un rapport nostalgique à l'État social d’antan, mais bien davantage à puiser dans l’histoire, suivant là l’hypothèse de résonance des crises du passé et du présent qui a guidé notre enquête collective, pour repenser l’architecture des institutions au regard de notre présent critique signant l’échec de ce qu’on peut nommer la fiction néolibérale. C’est de cet horizon que participent déjà les “débordements” actuels de l’ordre juridique par le droit social, auxquels les discussions des séances précédentes n’ont cessé de nous ramener. Ils rappellent et pressent de rendre au droit, tant sur le plan de la conscience collective que de l’entendement savant, sa qualité d’expression symbolique de la solidarité constitutive de toute société, à rebours de la réduction que lui a imposée la gouvernance par les nombres à une pure technique indexée sur l’efficacité comptable et sur l’illusion d’une régulation sans institution. En ce sens, cette séance autour des travaux d’Alain Supiot et en sa présence offrira l’occasion de préciser les termes d’une altération de l'État dont on a compris qu’elle tient à le socialiser. Loin de se résoudre à n’être que l’émanation du Léviathan ou l’instrument de la loi du Marché, le droit vivant ne peut qu’être l’expression de la société politique, au quotidien et dans ses différents secteurs - notamment dans ce lieu éminent pour la solidarité des modernes qu’est le travail, mis par Supiot au centre de ses réflexions. C’est en effet sur ce terrain qu’on peut mieux saisir à la fois les tensions pratiques engendrées par le néolibéralisme tout comme les aspirations émergentes vers une forme renouvelée de justice sociale, idée-force toujours susceptible d’orienter à une réinvention de l’État social.
 

Avec l’aimable participation d’Alain Supiot, juriste, Professeur émérite du Collège de France - Membre d'honneur de l'UMR CNRS 6297 Droit et changement social.
 

Plan de la séance

 
  1. Synthèse et relance de la problématique. L’actualisation du droit social comme re-socialisation de l'État (Johan Giry)
  2. Usages et fonctions du droit à l'ère de la gouvernance numérique. L'apport de l'anthropologie juridique d'Alain Supiot (Gildas Renou)
  3. Discussion croisée autour des trois textes d’appui communiqués en amont.
  4. Conclusion du temps de théorisation (Francesco Callegaro)
  5. Annonce du Festival Lieux sensibles, autour du droit des biens communs, en présence d’Álvaro García Linera (Sébastien Urbanski)


Textes d’appui

 
de 14h à 17h, UFR Droit - Bât. B - salle 358 (3ème étage)

Lien de connexion pour un suivi à distance de la séance : https://univ-nantes-fr.zoom.us/j/83527304572

Séance 8 - Le droit des biens communs au miroir de l'Amérique latine - les 22 et 23 novembre

Mis à jour le 04 novembre 2024.
https://humanites.univ-nantes.fr/solidarite-du-futur/seminaire-general